Domaine de la Source

 

Construite au XVIIIe siècle pour un riche marchand strasbourgeois, Philippe-Jacques Karth, cette maison raconte bien plus qu’une simple histoire d’architecture. Elle témoigne des mutations économiques et sociales qui ont marqué la région et le pays, du commerce florissant à l’ombre de Napoléon à l’essor industriel du XIXe siècle.

Cette maison reflétait son statut élevé dans la société, un symbole de richesse et de succès commercial.

Au début du XIXe siècle, la maison passa aux mains du fils de Philippe-Jacques, Jean-Tobie Karth. Ce dernier, dans un esprit d’adaptation aux nouvelles réalités économiques de son époque, décida de transformer le domaine.

Sur le terrain familial, il fonda un petit atelier de tissage qui allait devenir un fournisseur clé pour l’armée napoléonienne. En effet, la demande de tissus pour les uniformes et autres besoins militaires était telle que ce modeste tissage prospéra au rythme des campagnes napoléoniennes.

Cependant, avec la chute de l’Empire en 1815, le tissage, dont la prospérité était liée à la guerre, sombra dans l’oubli. Le domaine, autrefois florissant, se retrouva à un tournant décisif.

C’est alors qu’en 1824, Samuel Gerhardt, un entrepreneur visionnaire, transforma une partie du domaine en une usine de plombagine et de graphite, matières premières nécessaires à la production de crayons. Cette transition vers l’industrie marquait une rupture nette avec les activités artisanales précédentes. L’usine fonctionna pendant plus de deux décennies, jusqu’en 1847, date à laquelle elle ferma ses portes, victime d’une économie en pleine mutation et de la fin de son marché.

L’édifice industriel, situé en équerre par rapport à la maison de maître, fut démoli en 1857. Ce fut la fin d’une époque. Le logement des ouvriers, proche de l’entrée du parc, disparu également, ne laissant derrière lui que des souvenirs et des vestiges d’un temps révolu.

Au début du XXe siècle, le domaine fut acquis par un autre homme d’affaires, le notaire Gustave-Adolphe Riff, qui en fit l’acquisition à une époque où la région se trouvait en pleine évolution. En 1920, la propriété fut vendue à Daniel Jeuch, le propriétaire de la briqueterie voisine. Ce dernier entreprit de vastes travaux de rénovation pour moderniser et redonner à la maison un aspect bourgeois. Les transformations furent considérables : les fenêtres furent agrandies, une terrasse fut aménagée et l’agencement intérieur complètement repensé.