Le Moulin
Depuis des siècles, le moulin veille et tourne, alimenté par un bras d’eau qui porte bien son nom : le Muehlwasser, l’eau du moulin.
Au XVIIIe siècle, sous la main du meunier Lauth, le moulin ne se contentait pas de moudre du grain. Ce Lauth, entreprenant, y fit tourner une teinturerie de garance destinée à l’armée française. La garance, cette plante aux racines rouges, donnait ce rouge vif que portaient les soldats… et plus tard, les robes traditionnelles des jeunes filles catholiques du village.
Le XIXe siècle fut son apogée. Il avait alors sept tournants, ces éléments qui font tourner les meules. On y produisait de la farine, bien sûr, mais aussi de l’huile, du plâtre, et même un foulon à chanvre y battait la fibre végétale, signe d’une intense activité artisanale.
Avec le temps, il a perdu des ailes, des murs, des toits… Grâce à une rénovation respectueuse de son esprit du XIXe siècle, il conserve encore aujourd’hui des étables et une maison de maître datant de la moitié du siècle, ainsi qu’un bâtiment d’eau relié à une écluse.
Autrefois, le moulin n’était pas qu’un bâtiment : c’était une puissance économique. Le meunier, souvent propriétaire terrien, faisait partie des familles notables du village. L’ancien cadastre mentionne encore un canton, ou « Gewann » en alsacien, baptisé Müllersmatt, « le pré du meunier », situé non loin de là, preuve de son importance.
Les anciens racontent, avec un sourire, les farces des deux derniers employés du moulin, qui amusèrent des générations d’enfants en prétendant pouvoir soulever un sac de farine avec les dents… alors qu’en réalité, ils s’aidaient d’un diable bien dissimulé.
La dernière héritière de la famille Lauth vécut ici jusqu’à la guerre.
Après la Seconde Guerre mondiale, un ingénieur a installé des turbines produisant un peu d’électricité.
Il ne subsiste qu’un bâtiment de l’ancien moulin mais celui-ci a fait l’objet d’une belle rénovation par l’entreprise Lohr qui y a installé son siège donnant ainsi une nouvelle vocation à ce centre important de la vie villageoise d’autrefois.